6*o4              MEMOIRES DE PIERRE DE LESTOILE.
qu'on chassoit avec lui : entre les autres Choquart, vi­vant de ses rentes, Dieu merci la Saint Berthelemi, massacreur insigne, et des premiers ligueus de Paris.
Le dimanche 27, qui estoit le dimanche des Bran­dons, Guarinus prescha que la ville de Lion avoit esté trahie par son faux lion d'archevesque; que dés les Estats de Blois il complottoit ce qu'il avoit executé, et qu'il ne valoit rien ; que La Chastre, comme Victri, estoit, une foy chastrée ; dit que si messieurs de la cour n'en faisoient justice, qu'il les tiendroit tous pour trais-tres et meschans, et fauteurs de l'heretique. Il parla aussi d'un coup du ciel ; et qu'il y avoit un ange par pays qui leur apporteroit bonnes nouvelles.-On apeloit cela le pont aux asnes des prédicateurs de Paris, qui pendant ce karesme, jusques à la reduction, ne firent qu'entretenir le peuple de menteries et balivernes, et l'animer à sédition; mais principalement Guarinus, qui preschoit à Saint-Berthelemi, où j'ai lois ordinai­rement, et faisois extraict au sortir de ce que j'avois oui, et de la saine doctrine de ce venerable cordelier.
Ce jour, Commolet prescha fort en politique, et que tout estoit perdu ; qu'il n'i avoit pas un brin de reli­gion en nostre fait : que ce n'estoit que toute pure am­bition. Lincestre passa outre, et en propos couverts dit qu'il estoit serviteur du Roy. Nouvelet et le petit Benoist prescherent simplement leur évangile.
La nuit de ce dimanche, les Cordelieres Saint Mar­ceau furent pillées.
Le lundi 28 et dernier de ce mois, nostre maistre Guarinus prescha le jugement, où il fist le diable à vingt-quatre ; demanda à messieurs de la justice que c'est qu'ils feroient et ce qu'ils deviendroient quand on
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